Le Bal


Le Bal

Le Bal

Le Bal d’Ettore Scola avec Étienne Guichard, Régis Bouquet, Francesco De Rosa, Marc Berman, Jean-François Perrier.

Scénario : adaptation et captation de la pièce collective du Théâtre du Campagnol dirigée par Jean-Claude Penchenat, Ruggero Maccari, Furio Scarpelli et Ettore Scola.

France, Italie, Algérie 1983 - 112 minutes.

L'histoire

Le Bal se déroule dans une unique salle de bal, de 1936 aux années 1980. Le décor reste fixe, mais les époques changent : l’avant-guerre, l’Occupation, la Libération, les années yéyé, Mai 68, jusqu’à l’arrivée des années disco. Les personnages, interprétés par une douzaine de comédiens, changent de costumes, d’attitudes, de visages à chaque séquence. Ils incarnent la France qui danse et se transforme : petits bourgeois, ouvriers, collabos, résistants, soldats américains, hippies, etc. Il n’y a aucun dialogue : tout est dit par la musique (chansons populaires d’époque, jazz, rock, musette…), les regards, les gestes, les postures. Le bal devient un miroir de l’histoire collective.

La bande-annonce du film

Qui est Ettore Scola ?

Né en 1931 à Trevico en Italie et décédé en 2016 à Rome, Ettore Scola est l’une des figures majeures du cinéma italien d’après-guerre. Scénariste puis réalisateur, il a collaboré avec des noms tels que Dino Risi ou Vittorio Gassman, et a marqué le cinéma avec des œuvres mêlant humour, critique sociale et sensibilité politique. Ses films comme Nous nous sommes tant aimés (1974), Une journée particulière (1977) ou Affreux, sales et méchants (1976) montrent une Italie en mutation, entre souvenirs du fascisme, luttes sociales et nostalgie d’un monde qui change. Scola est reconnu pour sa capacité à mêler l’intime et l’Histoire, souvent à travers des récits collectifs.

La genèse du film

Le Bal (Il Ballo), sorti en 1983, est né d’une collaboration avec la troupe du Théâtre du Campagnol dirigée par Jean-Claude Penchenat. Ce dernier avait créé en 1981 un spectacle chorégraphique retraçant cinquante ans d’histoire française dans une salle de bal, sans aucun dialogue, uniquement par la musique, la gestuelle et les situations. Séduit par le potentiel cinématographique de cette forme atypique, Ettore Scola en propose une adaptation filmique. Il coécrit le scénario avec Ruggero Maccari, Jean-Claude Penchenat et Furio Scarpelli. Le projet est un véritable pari artistique : raconter un demi-siècle d’histoire sans une parole, uniquement par les corps et la musique.

Le Bal remporte l’Ours d’argent au Festival de Berlin en 1984, et rencontre un accueil enthousiaste en France comme en Italie. Il s’impose comme une œuvre singulière dans l’histoire du cinéma européen.

Une mise en scène chorégraphique et politique

La mise en scène d’Ettore Scola est à la fois théâtrale et cinématographique. Le défi principal : conserver la lisibilité du propos malgré l’absence de mots. Pour cela, il utilise :

  • Le mouvement des corps comme langage : chaque geste, chaque danse devient un signe social ou affectif.
  • La musique comme repère temporel et émotionnel, qui ancre immédiatement l’époque représentée.
  • Un espace unique transformé subtilement par la lumière, les costumes et les accessoires.
  • Un rythme narratif fluide, sans ellipse brutale, comme une longue valse historique.

Scola parvient à créer un film profondément émouvant et politique, où le spectateur projette ses souvenirs, son histoire, ses références. Ce qui semble anecdotique – une danse – devient une manière de raconter la condition humaine à travers le XXe siècle.