Yves Boisset est un réalisateur et scénariste français né à Paris en 1939 et mort en 2025 à Levallois-Perret. Yves Boisset était fils de professeurs, son père enseignait les lettres (français, latin, grec) et sa mère était professeure d’allemand. A 8 ans, il perd son petit frère qui avale un médicament pour adultes qu’avait laissé trainer le grand-père maternelle.
Yves Boisset est un élève très brillant, il est également doué pour la course à pied, comme son père recordman de France du 400 mètres. Boisset fit son hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris. A la suite d’une dispute familiale, il doit gagner sa vie tout en poursuivant ses études. Il est repéré à l’âge de 15 ans par le cinéaste Claude Autant-Lara pour incarner le jeune héros dans le film Blé en herbe. Mais son père ne donne pas son accord et met Autant-Lara à la porte en le menaçant d’appeler la police pour détournement de mineur. Des années plus tard, Autant-Lara propose à Yves Boisset de faire de la figuration dans une scène de surprise-partie des Tricheurs.
Yves Boisset est engagé par le journal Paris jour pour faire les « chiens écrasés » (les faits divers), il utilise le pseudonyme d’Henri Gausset. Jacques Chancel qui dirige les pages « Spectacles » l’envoie faire les interviews dont les chroniqueurs maison sont lassés. Au bout de quelques mois, il loue un studio et s’achète une 2 CV d’occasion.
Par la suite, Yves Boisset travaille pour la revue Cinéma 57 (revue de la Fédération des ciné-clubs). Puis, il en crée une avec son copain Jean Curtelin : Présence du cinéma. Cette revue honore des films méprisés (les westerns, les péplums, les films d’horreur). Yves Boisset passe le concours de l’IDHEC, la grande école de cinéma de l’époque, il est reçu premier. Mais pour cause de désaccord avec l’institution, il quitte prématurément l’école.
Yves Boisset a été documentaliste pour Yves Ciampi, assistant de Norman Jewison puis de Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, René Clément, Vittorio de Sica, Stanley Kubrick, et Riccardo Freda. Il a souhaité tourner son premier film sur Pierre Loutrel, surnommé « Pierrot le fou », mais il s'est heurté à un comité de pré-censure et le producteur a abandonné le projet. Yves Boisset a réalisé son premier long-métrage en Turquie, intitulé Les larmes du diable, un film riche de références cinéphiliques. Le titre du film a été changé par le distributeur en Coplan sauve sa peau (1968).
Le cinéma d’Yves Boisset est un cinéma engagé et politique. Boisset s'attaque sans détour aux injustices sociales, aux abus de pouvoir, aux violences d'État, à la corruption politique, aux scandales d'affaires (comme L'Attentat en 1972 ou Le Juge Fayard dit Le Shériff en 1977). Il est dans la veine du "cinéma de dénonciation". Il assume un regard critique, presque militant. Ses films vont droit au but : montage rapide, narration tendue, rythme soutenu. Il n'aime pas perdre du temps avec des digressions psychologiques trop longues — il vise l'efficacité dramatique pour frapper vite et fort. Beaucoup de ses œuvres adoptent les codes du polar : enquête, manipulation, trahisons, climat de paranoïa. Il y a chez lui une atmosphère sombre, marquée par la méfiance envers les institutions. Boisset s'inspire souvent d'affaires judiciaires ou politiques ayant réellement existé. Il brouille parfois la frontière entre fiction et documentaire pour mieux souligner l'actualité de son propos. Il aime diriger des acteurs au charisme fort : Jean Yanne, Michel Bouquet, Patrick Dewaere, Michel Piccoli, Marlène Jobert... souvent dans des rôles ambigus, jamais totalement héroïques.
Un Condé (1970) : Premier grand coup. Un film sur la brutalité policière, très violent pour l'époque. Ultra pessimiste.
L'Attentat (1972) : Inspiré de l'affaire Mehdi Ben Barka. Dénonciation d'un crime d'État. Grand casting (Piccoli, Piccoli, Jobert) et climat paranoïaque.
R.A.S. (1973) : Un film très polémique sur la guerre d'Algérie. Il critique frontalement l'armée française.
Le Juge Fayard dit "Le Shériff" (1977) : Inspiré de l'assassinat du juge Renaud. Film sur la corruption de la justice et la politique.
Dupont Lajoie (1975) : Un de ses films les plus célèbres. Violent pamphlet contre le racisme ordinaire et la lâcheté collective.